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Béatrice Koscielny

COVID 19 ou comment ce virus a fait de moi un zombie.

Les premiers symptômes sont apparus le dimanche 4 Octobre 2020 dans l’après-midi par des frissons le long de la colonne vertébrale laissant présager une « grippe », le soir venu 39°C de fièvre, ce qui pour moi est plus que rare, s’en est suivie une nuit atroce où même le doliprane n’arrivait pas à faire tomber la fièvre ni à calmer les quintes de toux, rendez-vous pris chez le médecin pour le mardi midi, je me doutais déjà de ce qui m'arrivait mon mari étant fiévreux lui aussi depuis le 3 octobre le laboratoire venant de téléphoner pour nous annoncer que son test PCR du lundi était positif.


Après un bref examen de santé, le médecin me prescrit du doliprane et de la vitamine C avec un « oui, c’est certainement la covid puisque Monsieur est positif, pas la peine de faire un test » me voilà sortie avec ma pauvre ordonnance sans nulle autre consigne, heureusement étant cas contact de mon mari, la sécurité sociale m’a immédiatement contactée afin de faire un test PCR, test effectué le 7 octobre qui bien entendu s’est révélé positif.


Dès le jeudi 8 Octobre j’ai perdu le goût et l’odorat tout était vaguement ferreux, je suis restée pendant 10 jours dans l’incapacité de me nourrir, rien ne passait, la fatigue était intense, le doliprane n’avait aucun effet, il me fallait un effort surhumain pour me lever, je ne faisais que dormir, j’ai commencé le 13 Octobre à avoir une douleur atroce derrière la tête au niveau du rocher gauche et qui diffusait jusqu’à l’œil et sur tout le côté gauche du visage, la douleur était telle que je me serais tapée la tête contre les murs, j’avais l’impression que mon visage se paralysait, je croyais faire un AVC, il s’agissait en fait de névralgie faciale que même le tégrétol avait des difficultés à soulager…


La toux s’intensifiant de plus en plus avec un essoufflement au moindre geste, le médecin m’a « diagnostiqué » une surinfection pulmonaire et de ce fait m’a prescrit le 19 Octobre de l’azithromycine (étant allergique à la pénicilline). Lorsque je lui demandais que faire, si il y avait un traitement ou autre pour lutter contre la fatigue, la toux, la névralgie faciale, les perturbations neurologiques qui se multipliaient et la multitude de symptômes qui apparaissaient chaque jours, sa réponse fut « doliprane vitamine C, ça va partir comme c’est venu ».

Devant mon état qui ne s’améliorait pas le 26 octobre il me prescrit un bilan sanguin et une mise sous IPP j’avais des brûlures œsophagiennes atroces et des remontées du moindre aliment ou verre d’eau ce qui fait que je devais (et je dois toujours) dormir assise, je vis depuis 5 mois avec un goût de vomis permanent dans la bouche et le nez….


Ce bilan fit apparaître une perturbation hépatique importante, il fallut donc supprimer le doliprane et étant donné les brûlures, plus de vitamine C également, j’étais revenue à la case départ ! mon état empirant je bégayais, perdais l’équilibre, avais des vertiges, cherchais mes mots, avais des frissons dans le cerveau de jour comme de nuit (comme si on prenait une énorme cuillère de moutarde qui vous monte au nez, la douleur est intense…), des céphalées permanentes, des pertes de mémoires… Mon médecin prit la décision de me faire passer une IRM cérébrale en urgence le 03 novembre où rien à signaler…. Pourtant les symptômes, les douleurs sont bien là, j’avais l’impression d’être prise pour une folle…


Malgré l’arrêt du doliprane la fonction hépatique n’est toujours pas revenue à la normale….

Face à ma toux persistante un scanner thoracique m’a été prescrit qui révéla début décembre de nombreux micronodules dans les deux poumons, la pneumologue consultée début janvier me prescrivit de la pyostacine, des inhalateur et 15 jours de nébuliseurs 3 fois par jours pendant 15 jours aujourd’hui 5 mois et demi après mes poumons sont toujours dans le même état et ma toux est toujours présente bien qu’un peu moins fréquente.


J’ai enfin vu un gastroentérologue le 16 février 2021, enfin un professionnel à l’écoute qui ne m’a pas prise pour une folle et qui m’a bien confirmé que je faisais partie de ces personnes atteintes d’une forme longue de la Covid ou Covid long, je dois passer une fibroscopie le 18 mars.


J’ai obtenu un rendez-vous avec un cardiologue le 19 mai pour mes douleurs thoraciques, palpitations, tachycardie, élancements au niveau de la jugulaire gauche, parfois mon torse bouge avec les battements de mon cœur alors que je suis assise tranquillement sur mon canapé (devenu mon meilleur ami depuis 5 mois).


Et enfin Saint Graal !!!, j’ai rendez-vous avec la professeur Salmon Céron le 27 mai !!!!


Aujourd’hui le 15 mars 2021 je suis l’ombre de moi-même, je ne sors quasiment pas de chez moi, j’ai des absences au volant (je ne sais plus ni où je suis, ni où je vais…), moi qui avais une mémoire d’éléphant (ma collègue me surnomme « son disque dur externe ») je n’ai plus aucune mémoire, je dois tout noter, je cherche mes mots, oublie ce que je voulais dire, me retrouve dans une pièce sans savoir pourquoi j’y suis, je cherche mes mots, les inverses dans une phrase (alors qu’il me semble parler normalement, je fais maître yoda lol)….


J’ai un brouillard cérébral permanent, moi qui utilisais la trigonométrie pour découper un gâteau en parts égales ou qui calculais de tête le théorème de Pythagore dans un magasin de bricolage (si si une racine carrée de tête lol), aujourd’hui additionner 4+2 de tête m’est quasiment impossible…


Me concentrer sur un écran me demande un effort terrible (il m’a fallu 3 jours pour taper ce texte, centraliser mes idées, en temps normal en une heure max c’était fait, mes yeux ne suivent plus, je suis incapable de faire défiler plus de 2 minutes des pages Facebook, j’ai la sensation que cela va me provoquer une crise d’épilepsie, j’ai d’ailleurs énormément perdu en acuité visuelle (là c’est l’opticienne qui vous parle lol) et par moment mes yeux se mettent à bouger tel un nystagmus, j’ai des flashs lumineux, en parlant de mes yeux, ils me démangent à les gratter à sang de jour comme de nuit.


Mon corps est complètement détraqué, par moment sans raison aucune ma peau se met à me brûler du cuir chevelu à la plante des pieds me créant un rash cutané au niveau du thorax, mes ongles sont déformés, j’ai plein de petits boutons qui cicatrisent très mal, je perds mes cheveux par poignées entière (je ne sais si il m’en restera à l’issu de la covid, il y a presque plus de mes cheveux sur le sol que de poils de mes chiens…lol), j’ai de façons aléatoires des acouphènes, des démangeaisons, des maux de gorges fugaces comme ceux d’une angine, des hoquets quotidiens difficiles à faire passer, mon corps se dérobe sous moi, même lorsque je suis assise, cette sensation de tomber par relâchement musculaire (sensation que l’on peut avoir d’habitude unes fois allongé dans un lit), des douleurs musculaires comme des courbatures, la nuit je suis réveillée par la douleur de mes muscles qui se tétanisent et de mes articulations qui se bloquent, par moment j’ai des crise d’arthralgies (chevilles, coudes, hanches… sans raisons), je suis essoufflée au moindre effort, parfois une simple conversation téléphonique suffit à m’essouffler, ma perte de capacité pulmonaire à ce jour est de 20%, mon goût et mon odorat, eux, ne sont pas encore revenus à leur pleines capacités….


Quant à la fatigue, parlons-en, comment la définir, elle est telle qu’elle est presque indescriptible, j’ai eu 46 ans le 24 novembre, je vis dans un corps de 90 ans….


Je dois réfléchir à chacun de mes mouvements en fonction de mes capacités physiques qui aujourd’hui sont minimes, les choses de la vie courante sont des épreuves, me doucher me fatigue et ne parlons pas de me faire un shampoing c’est quasiment impossible car il faut lever les bras, me coiffer, me brosser les dents (vive la brosse à dents électrique !!), faire une machine à laver ou un lave-vaisselle ! cuisiner : je réfléchis à la simplicité me demandant le moins de manipulations et d’efforts (alors que je pouvais passer une journée entière en cuisine à mitonner des petits plats dans les grands pour des amis !), parfois un simple oignon est une montagne, tout comme couper ma viande (merci les couteaux en céramique !) ou encore ouvrir une bouteille d’eau qu’il me faudra saisir à 2 mains pour me servir un verre, changer les draps ou encore faire le ménage (gravir l’Everest serait presque plus facile !!), soyons trivial, même aller à la selle peut demander un effort épuisant…


Ces sensations sont difficiles à expliquer et les gens ne les comprennent pas, comme si c’était dans ma tête ou que j’exagérais, comment leur faire comprendre qu’être obligée de s’habiller assise ou de ne pas avoir la force d’enfiler une chaussette peut vous mettre le moral à zéro et vous faire fondre en larme….


Aujourd’hui la Covid m’a déjà volé 5 mois de ma vie, huit jours avant de tomber malade ma patronne nous annonçait sa grossesse, son terme est le 30 mars, je ne l’aurais pas vu enceinte (elle m’a gentiment fait parvenir des photos afin de me permettre d’avoir l’impression de ne pas avoir tout perdu), le pire est de ne pas savoir quand cela va se terminer, si un traitement sera trouvé, quels seront les séquelles à long termes.


L’inconscience des gens me fait peur, ils ont l’impression qu’on leur a volé leur liberté, c’est faux, vivez ce que je vis, ce que les covid long vivent !!!


Le covid long est vraiment liberticide !! et je ne me permets pas de me plaindre outre mesure par respect pour ceux qui ne sont plus là pour en parler car malgré tout je suis toujours en vie, une vie de zombie mais une vie.


Comme le disait si bien André Malraux « la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie »


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