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Isabelle C. - 51 ans - Aide soignante

Tout a commencé le vendredi 31 juillet 202.

Je vous présente un condensé des 7 derniers mois de ma vie qui n'a jamais été aussi vide, si ce n'est emplie de souffrance, de questions, d'inconfort, d'absence de projets, de découragement, de regain d'espoir.


Tout a commencé le vendredi 31 juillet 2020, une magnifique journée d'été pendant laquelle je profite de mon jour de repos, sous le soleil. Je suis en pleine forme et prête à affronter le week-end de travail qui m'attend... Je suis aide soignante. J'ai 51 ans.


En fin de journée, une petite toux s'installe, très légère, pas d'inquiétude.

La nuit qui suit est un peu perturbée par l'apparition de fièvre et courbatures. Tout s'accentue au cours du samedi. Il est prévu que je sois dépistée le dimanche.


Lundi 3 août Rt PCR positif au Sars cov2.


À J4, viennent s'ajouter l'anosmie et agueusie, et cette fatigue indescriptible, terrassante, paralysante, des migraines. Je dors jusqu'à 18 heures par jour, les réveils sont tout juste conditionnés par les besoins essentiels de se nourrir et d'éliminer.

J5 - la fièvre a disparu ainsi que les courbatures.

J6 J7- hormis la fatigue, je me sens mieux, je me dis que c'est bon signe.

J8 - des douleurs musculaires et articulaires apparaissent, d'abord très supportables, puis s'accentuent de plus en plus, à en crier, à en pleurer. J'ai l'impression qu'on m'écartèle, je crie, je pleure... pendant 4 jours.

J12, l'atrocité des derniers jours m'a éprouvée, la fatigue va crescendo, me déplacer est difficile, je me tiens aux murs quand je dois faire mes allers retours lit/salle de bain, lit/canapé, lit/cuisine. Je m'endors en mangeant, ma voix est devenue celle d'une petite vieille, je n'arrive pas à tenir ma tête. J'ai 95 ans.

La phase aiguë de l'infection est passée.

Je suis laminée.

Je ne parviens plus à réfléchir, à fixer mon attention.


Les semaines qui suivront seront rythmées par de longues nuits, hachées par des brûlures aux pieds (essentiellement nocturnes), des journées où je ne parviens guère à plus de 2 heures d'activités, car même si la fatigue est amoindrie elle arrive comme une vague, en quelques secondes, et vous cloue sur place. Je tousse encore, j'ai mal à la tête, je sens mon corps trembler de l'intérieur, j'ai froid, le bilan thyroïdien est perturbé (à surveiller) .


En octobre, un scanner thoracique de contrôle ne révèle aucune anomalie, pas d'explication pour cette toux chronique... On tente des corticoïdes, ils s'avéreront inefficaces.


20 octobre, je suis supposée reprendre le travail mais l'apparition d'une tachycardie (jusqu'à 155 b/mn au repos) va contrarier cette reprise. Cardiologue en urgence où se succèdent prise de sang pour écarter une embolie pulmonaire, ECG, écho cœur, épreuves d'effort. Quelques extrasystoles mais rien pour justifier la tachycardie.


27 octobre, de retour au travail, fatiguée, avec ma batterie de symptômes. Mes journées sont très difficiles, je prends énormément sur moi pour faire bonne figure. Au bout de 2 semaines, c'est le chaos, fatigue extrême, tous mes symptômes se majorent, je peine à construire des phrases correctes, c'est le brouillard dans ma tête.


10 novembre, le médecin du travail me déclare inapte jusqu'à fin janvier.

Je suis sonnée... Sonnée par cette inaptitude, sonnée par la résurgence des symptômes. J'ai quasiment 3 mois pour me rétablir, c'est largement suffisant ! Tout ira bien !


Le temps passe, des petits nouveaux s'invitent, une belle collection de petits boutons sur le front avec les démangeaisons qui vont avec, des douleurs thoraciques à droite, les radiographies ne montrent rien...

Mes journées se résument aux tâches domestiques. La lecture est très laborieuse car je dois relire au moins 2 fois chaque page pour retenir le contenu. La musique est ma meilleure alliée. Je m'astreins à 1 heure de vélo d'appart quotidiennement, doucement, sans effort.

Mes nuits sont toujours mauvaises, brûlures, cauchemars. Difficile de récupérer.


18 janvier 2021, le médecin du travail prolonge l'inaptitude jusqu'au 31 mars. C'est nécessaire, je suis soulagée.


Début février, la fatigue s'atténue. Je me dis que le reste va suivre.


Mi février, apparition brutale de douleurs terribles dans les bras, les jambes, la tête pendant plusieurs jours. Cet épisode se répétera 2 fois dans les semaines qui suivront. Des opiacés me sont prescrits ainsi qu'une irm cérébrale (prévue en avril).


Mi mars, la fatigue est toujours présente mais tend à s'atténuer, je souffre encore de nausées en permanence, de céphalées chroniques, de dysgueusie et de parosmie, d'une toux également atténuée mais récurrente, de brûlures nocturnes dans les pieds, de tachycardie, de douleurs dentaires (check up fait, pour le dentiste tout est ok), de douleurs dans les bras et les jambes de manière épisodique. Ma tension artérielle (traitée depuis 6 ans et parfaitement équilibrée par un traitement de base) s'est considérablement élevée (traitement doublé), la thyroïde s'est stabilisée. Ma peau est devenue sèche et déshydratée.


Je suis supposée reprendre le travail le 1er avril, je n'arrive pas à me projeter. J'ai beaucoup de mal à m'imaginer enchaîner mes journées telles que je les connais à l'hôpital. Je revois le médecin du travail le 23 mars.


Je tiens à préciser que mon médecin traitant n'a jamais mis en doute mon ressenti, je l'ai vu environ toutes les deux à trois semaines, parfois à sa demande, souvent à la mienne. Il y a de l'écoute et de la confiance. Je respecte son humilité car il m'a déclaré, à plusieurs reprises, se sentir démuni.


Je suis dans l'espoir que tout s'arrange rapidement, retrouver une vie active, sociale, avoir à nouveau 51 ans...

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